Tendance livres sport et bien-être – le Nature Writing

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Il est temps de se mettre à lire vert (greenreader). Pour cela, on pourra aussi bien se tourner vers de grands traités sur notre bien aimée nature que vers le nature writing, genre spécifiquement américain, diffusé en France notamment par les éditions Gallmeister. Suivez notre petit guide de la littérature écolo.

De Rousseau à Alan Moore, retrouvez notre sélection de livres bien-être et sport. Pour se souvenir des belles choses. Le fondateur des éditions Gallmeister nous dit tout ce qu’il sait – et il en sait beaucoup – sur le Nature Writing, qu’il entend faire connaître en France en publiant ses principaux auteurs.

Le nature writing, c’est quoi ?

Définir le Nature Writing (NW) est un exercice pour le moins périlleux. Majoritairement écrits à la première personne, les ouvrages visés adoptent, comme leur nom l’indique, la nature comme sujet principal. Dans les récits les plus emblématiques, l’auteur s’enfonce seul dans une nature hostile et grandiose et en sort changé à jamais. Réduire le NW à cette dimension initiatique serait toutefois pécher par omission. A l’observation plus ou moins éclairée de son cadre, à la restitution presque toujours autobiographique de ses aventures, l’écrivain, en effet, adjoint généralement considérations personnelles et réflexions philosophiques dans une tradition que la plupart des spécialistes font remonter à Thoreau. Etudes de terrain, essais d’Histoire Naturelle, pamphlets écologistes ou récits d’aventure peuvent ainsi trouver leur place sur les étagères NW. Aussi simplifiée soit-elle, cette tentative de recension soulève toutefois deux questions fondamentales. Primo, le Nature Writing est-il un genre spécifiquement américain ? Peut-il exister hors de ce décor idéal de montagnes, forêts, prairies et autres canyons que le cinéma, lui aussi, a contribué à populariser auprès du grand public ? Secundo, s’agit-il d’un genre exclusivement romanesque ou ressortit-il aussi – comme semblent le confirmer certains titres traduits –, à la non-fiction spécialisée sport de nature ?

La collection Nature Writing des éditions Gallmeister (dont le domaine « Noire », à vocation spécifiquement thriller, donne également la part belle aux grands espaces) comprend à ce jour plus d’une quinzaine de titres. S’il paraît difficile d’éviter l’iconoclaste Les Combattants de l’arc-en-ciel, témoignage drolatique et survolté sur les débuts de Greenpeace, s’il paraît impossible de passer sous silence le très émouvant Un fou ordinaire d’Edward Abbey (père spirituel de l’activisme écologique atrabilaire, qui voyage à pied et sans filet), d’autres titres méritent assurément toute l’attention du lecteur aventureux. Indian Creek d’abord, chronique tragi-comique des tribulations hivernales et volontaires d’un jeune inconscient au plus profond des Rocheuses (Pete Fromm) ; Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche ensuite, qui réconciliera avec les truites et la métaphysique le plus borné des citoyens du monde (John Gierach ; Petit traité de philosophie naturelle encore (Kathleen Dean Moore), où l’auteur, cheminant sur les traces de l’Annie Dillard du Pèlerinage à Tinker Creek, nous livre une collection de récits éclairants sur la nature de l’existence et la nature tout court ; et Sortilèges de l’Ouest de Rob Schulteis pour finir, qui déploie dans une langue à la précision surnaturelle une carte magique des plateaux du Grand Ouest.

Un livre sport et bien-être : Sortilèges de l’Ouest de Rob Schulteis

Beau et brûlant comme une torche de cérémonie shamanique, le livre de Rob Schultheis, explorateur, baroudeur, correspondant de guerre : « Le moment était venu de partir, de tourner le dos à ce siècle infernal et de s’enfoncer vers des temps plus profonds, plus sereins. » Bien sûr, il faut aimer l’Amérique, aimer la détester aussi, pour ses mégalopoles dévorantes et ses Indiens qui n’en finissent pas de mourir. Il faut souhaiter le mystère irréductible, le vent qui rend fou, la nuit panthéiste peuplée de coyotes et l’immobilité de l’Esprit face aux humains qui s’agitent. On ne sait rien ici, écrit l’auteur sur la dernière page de son livre. Nature Writing, ou la beauté de l’ignorance. Autant dire qu’un auteur comme Schultheis, malgré les apparences, s’adresse vraiment au plus grand nombre.