Solar Impulse, le nouveau rêve d’Icare

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Un avion qui volerait jour et nuit, propulsé à l’énergie solaire, sans carburant ni pollution, c’est le rêve un peu fou de deux Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg. Leur projet baptisé Solar Impulse pourrait être réalisé en 2011. Signe de l’intérêt scientifique et économique autour de l’avion solaire, les partenaires financiers ne manquent pas. En apportant 15 millions de francs suisses dans la corbeille, Deutsche Bank devient le troisième sponsor principal.
Bertrand Piccard n’est pas un inconnu du grand public. Il est le digne descendant de l’océanographe Jacques Piccard, et le petit-fils d’Auguste Piccard, premier aéronaute à avoir atteint la stratosphère à bord d’un ballon et vu, de ses yeux, la courbure terrestre (1931) avant d’inventer quelques décennies plus tard, le bathyscaphe. Bien que psychiatre de formation, Bertrand Piccard, est connu pour ses activités d’aérostier notamment pour avoir été le premier à boucler (après deux tentatives infructueuses) le tour du monde en ballon sans escale en 1999 à bord de Breitling Orbiteren compagnie de Brian Jones. Le vaudois aspire à un nouveau tour du monde programmé en 2011. Outre une aventure humaine et technologique à bord d’un aéroplane large comme un Airbus A 380 (80 mètres d’envergure) mais 280 fois moins lourd fonctionnant sans carburant et donc sans pollution, Solar impulse se veut être le porte-étendard du développement durable, un ambassadeur des technologies nouvelles et alternatives.

solarLa chasse au poids et l’efficacité des batteries sont deux points cruciaux. Concilier les deux est un très grand défi. La cabine, pressurisée,haute de 1.4 m et longue de 2.30 m offrira un confort sommaire au pilote qui ne devrait pas la quitter pendant les 4 ou 5 jours correspondants à une étape. Pour des raisons de sécurité, son corps sera couvert de capteurs destinés à contrôler à distance ses fonctions vitales mais aussi à le réveiller le cas échéant! Andrè Borschberg et Bertrand Piccard, les futurs pilotes ont commencé des entraînements sur simulateur chez Dassault Aviation. La maîtrise de l’engin sera rendue particulièrement difficile par son envergure. Clin d’œil à l’histoire, la puissance moyenne sur 24 heures mise à disposition des moteurs par le soleil sera pratiquement égale (12 CV) à celle dont disposaient les frères Wright en 1903 lorsqu’ils ont réalisé le premier vol en avion de l’humanité.

Au-delà, l’avion solaire a déjà gagné son premier pari en réussissant à convaincre des investisseurs non réputés pour leur philanthropie d’investir de façon conséquente dans le projet. Outre les 15 millions de francs suisses de la banque allemande, le budget de ce rêve à la Jules Verne est complété par les participations principales du groupe chimique Belge Solvay et l’entreprise horlogère Oméga. 65 millions de francs suisses ont donc déjà été réunis sur les 100 nécessaires au projet. Ils devraient déjà permettre de réaliser, dès 2008, un premier prototype à dimension réduite et de financer l’équipe de 35 personnes encadrée par une centaine de conseillers scientifiques principalement issus de l’école polytechnique fédérale de Lausanne et de l’Agence Spatiale Européenne (ASA).

20 millions supplémentaires seront toutefois à trouver pour passer au stade de la construction de l’avion final.