Tribune libre : la NBA, c’était mieux quand ça défendait…

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Non le match ultime ce n’est pas un match qui termine par 156-152. C’est même probablement l’inverse… Et non le dunk, ce n’est pas le geste ultime du basket c’est même probablement l’inverse…

J’écris cet article en réaction à de nombreux commentaires parus sur ce site et qui mesurent la qualité d’un match à la quantité de points et de dunks marqués.

Au risque d’être un peu polémique mais je dirais que c’est le degré Zéro de l’amateur de basket, celui des « highlights », des jolis posters, des pubs, et des jeux vidéos. Avec en sous-texte, la glorification de l’exploit inviduel et des égos boursouflés qui vont avec.

L’attaque c’est la moitié d’un match. Voir un match sans défense ce n’est voir que la moitié d’un match.

Quand une (ou deux) équipes décident de faire l’impasse sur la défense, tout panier marqué finit par aller de soi. C’est quand la défense est rigoureuse que les paniers valent chers et suscitent l’émotion.

C’est triste de voir tant de gens tomber dans le panneau que la NBA a mis en place depuis quelques années en modifiant ses règles et son arbitrage pour favoriser l’attaque.

Match NBA : c’était mieux avant

Ah, pour avoir des gros scores on a des gros scores! Mais de l’intensité dramatique ? Beaucoup moins qu’il y a dix ou quinze ans.

Aujourd’hui quand il y a dix points d’écart dans un match personne ne trouve qu’il s’agit d’un avantage substantiel, sauf évidemment dans les toutes dernières minutes du 4eme quart temps.

J’ai le souvenir de certains matchs des années 90 ( les affrontements Bulls-Jazz par exemple) , où ce même écart de 10 pts était perçu comme un avantage quasi décisif.

Dans ce genre de contexte chaque panier marqué/concédé était émotionnellement significatif, je peux vous garantir qu’on attendait pas le 4eme quart temps pour s’intéresser au match!!!

Un conseil : arrêtez d’écouter G.Eddy s’exciter sur les dunks (il est sympa, mais bon..) et un peu plus J.Monclar (quand il est au micro) quand il analyse le positionnement des équipes notamment en défense.

Regardez des vrais équipes de baskets ( un indice: ce sont celles qui gagnent, ex: Pistons/Spurs) quand elle défendent.

C’est aussi spectaculaire et physique que l’attaque, et en plus comme ce n’est efficace que si c’est collectif, largement plus impressionnant.

Bien sûr ça demande un peu plus d’attention (il faut regarder plusieurs joueurs et pas seulement la baballe). c’est peut être ça le problème, comme c’est pas « flashy » ca demande un peu de capacité de concentration

Plus question d’envoyer un sms ou de chercher le 3eme paquets de chips, en grognant « qu’il y a pas assez de dunks ».

Pourtant je vous garantis que regarder un match de basket au degré 1 (attaque ET défense, SVP) c’est beaucoup plus intéressant.

Quelque soit le score petit ou gros importe peu ce qui compte c’est l’intensité et l’engagement en défense autant qu’en attaque. Quand les paniers valent chers, c’est là qu’on qu’on a des émotions fortes. Certainement pas quand les points tombent comme les pommes d’un pommier.

La défense à réhabiliter

Je crois vraiment de la NBA est allée trop loin pour limiter la liberté des joueurs en défense.

Certes dans les années 80 c’était un peu « too much » il y a des moments où sous les panneaux on voyait quasiment des prises de catch!:)..et aussi quelques manchettes pour faire bon compte.

Mais aujourd’hui c’est toute une dimension physique du basket qui tend à passer à la trappe, celle de la lutte pour la position préférentielle. A quoi sert la masse physique si on ne peut plus s’en servir pour lutter pour le contrôle de la raquette?

Avoir un vrai pivot n’est plus guère payant puisque son atout majeur (présence physique) est moins utile, alors que sa faiblesse (manque mobilité) demeure. Conséquence les « centres lourds », ceux du modèle classique dont Shaquille O’neal est le quasi dernier représentant disparaissent au profit de 4/5 (des power forward qui jouent centre). La diversité de style de jeu proposés s’en ressent.

Du coup n’importe quel Swingman (genre LeBron James) peut aller faire son show facile, alors qu’avec les règles et le style d’arbitrage d’il y a dix quinze ans il se ferait remettre à sa place par un Ewing, un Zo ou un Shaq.

Ne parlons même du pourcentage hallucinant de points d’un Point Guard comme Tony Parker dans la raquette. Avec un arbitrage qui laisse sa place à l’opposition défensive ca ferait longtemps qu’il aurait terminé sa carrière dans l’ »injured reserve » des Spurs…

En fin de compte ce qui était auparavant un exploit offensif ou au moins une performance est devenu « standard ». On y a bien perdu au change.

Bref tout ça a un petit gout de « light », genre sucrerie à l’aspartam pas dangereux pour la santé et avec de joli petit dunks à regarder (« oh la belle rouge!, oh la belle bleue!.. ») Que ne ferait-on pas pour émerveiller les gosses.. Tonton David Stern et ses potes sponsors l’ont bien compris…

N’empêche que quand on a connu les matchs bien saignants Pacers-Knicks ou Bulls-Pistons des eighties-nineties, on sort des gentilles sucreries aseptisées d’aujourd’hui en se demandant « where is the beef », ( « où est la viande » comme disent les Américains pour dire: où est la substance »).