Accident ou symptôme d’un manque de compétitivité ? Telle est la question qui se posent définitivement avant même la fin de la phase de poule pur les clubs français. Passons sur les déconfitures de Castres, Biarritz ou Montauban, qui témoignent soit d’une baisse de rendement pour les deux premiers nommés, soit d’un niveau encore insuffisant pour l’ invité surprise de cette compétition. Mais quand on voit les résultats de Perpignan, Paris ou Clermont, les leaders actuels du championnat, on s’interroge. Certes ils ne sont pas loin, mais quand on est incapable de sortir premier de sa poule, on s’expose à ne pas faire partie des heureux qualifiés au titre de meilleurs seconds.
Il ne manquait plus qu’un couac de Toulouse pour achever le désastre. On les croyait cette saison à l’abri de toute mauvaise surprise : maîtres chez eux, victorieux en Ecosse ou au Pays de Galle. Et voici qu’ils se font corriger à domicile par Glasgow ! Battus sur les fondamentaux, pris de vitesse, contrés … et en passe d’être éliminés, s’ils ne réussissent pas l’exploit de l’emporter en Angleterre la semaine prochaine.
Si aucun club français ne se qualifie, ce sera une première et un signe des temps. Après avoir reculé au 7ème rang international, le rugby français se retrouverait au niveau des clubs au même rang que les Ecossais et les Italiens, pendant qu’Anglais, Irlandais et Gallois se disputeraient le titre européen. Le constat peut se faire aussi pour le Challenge Européen, il n’y a pas si longtemps chasse gardée des clubs français, qui se retrouveraient en finale. Cette saison, on en profite pour faire tourner l’effectif … et prendre des déculottées en tout genre.
Les explications sont multiples :
– le renforcement des équipes britanniques : l’apport des néo-zélandais, fidjiens, tongiens et sud-africains est d’autant plus grand que la langue n’est pas un obstacle à leur intégration ; les mêmes joueurs se retrouvent un peu perdus en France ;
– le jeu et la discipline : les nouvelles règles favorisent finalement un jeu assez stéréotypé et en particulier l’organisation défensive. La démonstration en a été donné ce week-end : il a suffi à Glasgow, mais aussi à Perpignan, de quelques contres bien menés pour l’emporter face à des équipes qui produisaient plus de jeu. Encore faut-il savoir se donner le ballon dans le bon tempo. Manifestement ce n’est pas le cas d’une ligne parisienne. Pour la discipline, les Britanniques ont à nouveau un temps d’avance sur les Français. Clermont, en particulier, aurait pu se qualifier sans l’expulsion de Hines dans un match décisif.
– l’expérience : alors que l’Irlande n’a pas un réservoir inépuisable de joueurs, leurs trois provinces tirent leur épingle du jeu ; le Munster n’est-il pas le tenant du titre ? Il faut savoir garder ses nerfs et gérer un match, soit pour tenir la victoire, soit pour ramener fût-ce un bonus défensif. A l’arrivée, ce sont ces bonus qui manqueront à Clermont ou Perpignan.
– le calendrier : comme en football, les clubs français ont d’abord l’oeil rivé sur le championnat ; on vise les demi-finales, la qualification européenne ou la survie ; l’Europe passe queques fois après, surtout s’il y a des blessés. Ce n’est le cas ni des Irlandais, ni des Gallois, ni des Ecossais, qui n’ont pas de quoi faire des championnats à 14 clubs !