Trek aquatique sur les côtes nord de France

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Fin de notre parcours

En sortant de Dieppe, une longue houle venue du large nous attend -toujours sous la pluie. Au fil des coups de pagaie, les longs creux de plus d’1,5 mètres se mettent à clapoter puis déferler. Un instant d’inattention est aussitôt sanctionné par la transformation de l’hiloire en baignoire et par le départ en surf incontrôlable de l’embarcation. Nous n’avançons plus, malgré des coups de pagaie violents et un moral d’acier : en 2h30 nous ne progressons que de 6 km. C’est à rien y comprendre, les courants devaient pourtant être avec nous ! Nous nous retrouvons déportés à 4 km de la côte, au large de la centrale électrique de Fenly.

Il nous faudra plus de trente minutes pour regagner la côte, en tirant droit vers la plage, malmenés par des rouleaux innombrables. Le bivouac est finalement monté rapidement, en haut des falaises, sur un terrain de pétanque. Une bonne nuit réparatrice s’annonce, dans des duvets humides. Il est 23h, nous sommes encore en tenue de kayak, trempés, il fait nuit.

Coefficient de 112, nouvelle lune… la mer est montée haut, très haut, jusqu’à lécher les falaises -pourtant en retrait à cet endroit- et effleurer les kayaks laissés au plus haut de la plage. Les courants en notre faveur nous donnent des ailes, nous dépassons la centrale, Criel, le Tréport, croisons notre premier phoque et un chalutier relevant ses filets et atterrissons après Ault après 4h20 de pagaie. Après une double ration de pates, et on repart vers Quend, à contre courant cette fois. A 22h nous sommes en baie de Somme, transformée en mer de sable, sous le soleil couchant.

Quelques galères, mais que de superbes moments !

Quent-plage La nuit est sans lune, des nuages encerclent tout l’horizon, seules les lumières de Quend et de Berck nous permettent de suivre un cap car je n’arrive plus à lire le compas, à l’avant du kayak. Il est trop tard pour arrêter : nous ne voyons ni la côte, ni les rouleaux et la présence des bouchots empêche le retour sur le sable sans risquer de s’empaler sur un pieu. Il faut continuer. Le moral et la confiance en soi et en l’environnement chutent peu à peu, emportés par la noirceur des vagues et de la nuit. Nous dormirons finalement à la belle étoile sur le parking de Quend après 57 km ce jour, en touchant terre à 23h30 !

Au final, nous aurons eu la chance de pagayer 5 jours, en Kayak depuis Le Havre,  sous les arches d’Etretat, le long des falaises, des galets de Cailleux-sur-Mer, des phoques de la baie de Somme, et du sable blanc de Quend-Plage. Au fil de ces 200 km nous avons vécu de superbes moments, des galères et des déceptions mais aussi et surtout de la joie et du bonheur, et aussi appris à supporter l’odeur de moisi que nous dégagions à force d’être trempés.